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Forum Opéra

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12-02-2004

PROMENADE AVEC L'AMOUR, LA MORT ET LA GUERRE...

Depuis plusieurs années, le Département Musical du Musée de l'Armée poursuit une programmation variée, originale et de très haute tenue. La plupart des concerts ont lieu dans un cadre prestigieux : le Salon d'Honneur. Cette soirée, outre une thématique fort séduisante, avait pour principal intérêt de voir des marionnettes se mêlant aux chanteurs.

D'emblée, l'orchestre séduit par ses belles sonorités. Le ténor Sébastien Lagrave possède une voix chaleureuse et solaire, qui va gagner en rondeur au fil de la soirée, et une présence extravertie et généreuse. Belle et de fière allure, Florence Katz fait une entrée royale. Le Lamento d'Olimpia met en valeur toutes ses qualités : voix ronde et bien projetée, superbe présence, sens du geste et de la déclamation. Du grand art assurément.

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Les pièces orchestrales qui interviennent par deux fois pour ponctuer l'action sont de belles factures. La première, composée par Johann Heinrich Schmelzer, maître de la chapelle à la Cour de Vienne, emprunte la forme du Lamento, qui correspond à la tonalité générale de la première moitié du concert. La seconde, écrite par Falconiero, maître de la chapelle royale de Naples, possède la forme de la Battaglia et annonce l'épisode suivant, celui du combat entre Clorinde, princesse sarrasine habillée en guerrier, et Tancrède, chevalier chrétien, tous deux amoureux.

Il combattimento di Tancredi e Clorinda est une œuvre extrêmement puissante et bouleversante. De forme à la fois épique et “amorosa”, elle est dans son essence même la parfaite synthèse entre la guerre et l'amour, la mort étant forcément au rendez-vous, en l'occurrence celle de Clorinde, blessée par Tancrède, qui découvre alors sa véritable identité.

Sébastien Lagrave assume avec panache et passion le rôle primordial du Récitant, toute l'action dramatique se déplaçant vers les deux marionnettes représentant Tancrède à cheval et Clorinde, la belle combattante. La présence de ces marionnettes sculptées "à l'ancienne" apporte un surcroît de tension au drame : l'issue fatale s'avère encore plus poignante. Ainsi que le souligne le marionnettiste Jean-Marie Pichon, "les personnages, comme des marionnettes, sont manipulés : par leur destin, par des à priori qui les empêchent de voir l'autre tel qu'il est et d'en accepter les différences". De ce fait, la mise en scène, se concentrant sur les deux pupazzi, s'enrichit d'une épaisseur et d'un poids nouveau. De cette mise en abyme vertigineuse, le spectateur captivé - l'exceptionnelle qualité d'écoute du public peut en témoigner - ressort troublé, bouleversé, mais heureux.

II convient de saluer tous les protagonistes de cet événement de grande qualité, inventif et original.

PARIS (F)
La Réjouissance

O Angelioforos

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Baroque "La Réjouissance" 04-11-2004

L'ensemble baroque La Réjouissance a été invité à présenter un programme de musique italienne et allemande, au 39e festival "Dimitria" à Thessaloniki (Grèce).

Stefano Intrieri, qui a accompagné au clavecin toutes les pièces de la soirée, a par ailleurs interprété seul une toccate de Froberger avec exactitude et souffle rythmique, en accord avec le style de l'époque. On a remarqué la Canzona de Frescobaldi pour le violon et le clavecin, qui a permis d'entendre avec plaisir les ornements à la fois rigoureux et virtuoses de Vassilis Tsotsolis, les imposants "ricercari" de Ortiz pour la viole de gambe, qu'Isabelle Dumont a interprété avec une remarquable éloquence, ainsi que la sonate pour le violon de Biber, dans laquelle Katia Krasutskaya a su avec une exceptionnelle clarté, nous imprégner des voix des oiseaux et d’autres animaux.

Avec sa technique et sa musicalité, parfaitement adaptées au style du 17e siècle, l'ensemble a réussi à envoûter le public par le charme de la musique baroque.

THESSALONIKI (GR)
La Réjouissance

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09-11-2003

Voix et orgue en symbiose.

Un récital voix et orgue donné par deux brillants musiciens, la soprano Sandrah Silvio et l’organiste Stefano Intrieri qui ont proposé un concert dédié aux musiques italiennes des XVIe et XVIIe siècles, autour d’oeuvres de Monteverdi, Frescobaldi, Cavazzoni, de même que Froberger et Pieter Cornet.

Sandrah Silvio et Stefano Intrieri ont offert au public un moment musical de très grande qualité, tout en mettant en valeur leur grand talent. La générosité des sonorités tant dans la voix que de l’orgue, a donné à chacun des morceaux interprétés par un relief incomparable. L’auditoire a été bouleversé par tant de beauté, acclamant les musiciens...

WALBACH (F)
Sandrah Silvio & Stefano Intrieri

Étapes de la passion

25-04-2005

Métamorfeoses (Lavoir Moderne Parisien).

Après avoir dompté les brutes, soumis Cerbère et ému Perséphone, Orphée ne parvint pas à dominer son propre désir et se retourna vers Eurydice au moment de la retrouver, la perdant une seconde et d'irrémédiables fois. La descente aux enfers et le malheur des amants, est un thème artistique majeur qui a inspiré de nombreux créateurs.

De Jacopo Peri à Sydney Lumet, de la poésie romantique allemande à des images vidéo contemporaines, Sébastien Lagrave a décidé de faire jouer les synesthésies autour de la figure du poète et de sa quête, scandées par les étapes d’une passion autant mystique qu’érotique.

Un spectacle élégant et vibrant, une occasion de rencontres artistiques fécondes. Musiques de Péri, Monteverdi, Charpentier et Piroye, textes de Novalis, Rilke et Py, extraits de The fugitive Kind de Sydney Lumet et création vidéo d’Alexandra Hormière : des plus anciennes aux plus contemporaines, les œuvres qui composent ce spectacle ont en commun la tragédie immémoriale d’Orphée et d'Eurydice, dont l’amour fut assez grand pour lutter contre la mort, mais pas assez pour lutter contre lui-même. Orphée aime-t-il trop Eurydice pour la livrer au sel lors de son ultime regard, après l’avoir arrachée au repos élyséen ? Serait-ce finalement que les pouvoirs de l’art ne sont pas rédempteurs, et que la lyre d’Orphée ne peut pas nous empêcher de mourir de la vérité ?

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Comme le remarque Nietzsche dans La Naissance de la tragédie, l’essence de l’art ne se trouve pas dans la consolation mais dans l’innocence de la vie, sous l’invocation du seul Dionysos, le dieu de l’affirmation au-delà de tout besoin d’être consolé, figure tutélaire des bacchantes qui déchirent finalement Orphée.

Loin de seulement raconter l’histoire du poète, le spectacle imaginé par Sébastien Lagrave donne une nouvelle épaisseur au mythe en faisant se croiser, voire se superposer, les œuvres qui l’évoquent. Guidé dans sa quête par un ange qui ressemble à Eurydice (très belle composition d'Anne Le Coutour, dont la présence vibrante donne aux textes qu’elle dit et chante un pouvoir hypnotique considérable), Orphée semble aspirer autant à la transcendance qu’aux retrouvailles amoureuses.

Sébastien Lagrave, qui chante les étapes de cette quête, a d’ailleurs l’intelligence de camper un Orphée dont la présence hésite entre Werther et le Christ, non pas dans un flou indéterminé, mais dans une composition subtile qui marque bien l’ambivalence sémantique de cette histoire, qui interroge finalement autant les pouvoirs de la création que ceux de la puissance amoureuse et de ses aléas, autant le rapport à la grâce que le rapport à l’autre.

Au clavecin et à la direction, Stefano Intrieri, au violone et à la viole de gambe, Isabelle Dumont, au violon, Vassilis Tsotsolis et Patrice Versogne : la formation musicale, actrice à part entière du spectacle, se fond avec une précise élégance dans l’ensemble, relaie et relance l’émotion et soutient la transformation progressive du héros, dont les états d’âme sont ainsi remarquablement élucidés.

Projetées sur un tulle en fond de scène, les images de Lumet et celles d’Alexandra Hormière, où une Eurydice très moderne se perd dans les escaliers mécaniques du métro parisien, permettent d’approfondir l’espace scénique en matérialisant la séparation temporelle, et spatiale entre Orphée et Eurydice. Interprété par de jeunes artistes talentueux, ce spectacle réussit, sans afféterie ni lourdeur démonstrative, par la seule force suggestive du jeu, du chant et de l’interprétation, à faire résonner des accords et des synesthésies inouïes et à faire surgir, au-delà des genres et des époques, une figure de l’art à la puissance évocatrice rare.

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